(English) Advocacy for “decent housing” in Haiti

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La crise du logement dans le pays ne date pas d’hier. Mais, avec le tremblement de terre, la dimension du problème s’est amplifiée. Dans le cadre de la reconstruction, le défi n’est pas seulement de reloger les personnes déplacées mais également d’offrir un « logement décent » aux personnes vivant dans des logements pour le moins insalubres et précaires. Cette problématique a fait l’objet, le 9 juin à Port-au-Prince, d’une rencontre entre différents acteurs du secteur, à laquelle a participé notamment la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le Logement Convenable, Mme Raquel Rolnik.

La Rapporteuse spéciale sur le Logement Convenable est en Haïti du 8 au 11 juin, dans le cadre d’une visite de travail. Celle-ci vise à mettre en exergue l’importance d’« adopter une approche de la reconstruction fondée sur le droit à un logement convenable, avec une attention particulière à la situation des personnes vulnérables telles que les personnes vivant dans les camps et les quartiers défavorisés » et dont la situation nécessite une solution durable ».

A l’ordre du jour de sa visite également « fournir des outils concrets, des méthodes, ainsi que des exemples de contextes et de situations similaires, qui peuvent être utilisés par le gouvernement et les acteurs de la reconstruction dans la mise en œuvre de solutions aux problèmes de logements convenables en Haïti ».

Pour Mme Raquel Rolnik, qui a participé à une séance de travail organisée par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, la Section des Droits de l’Homme de la MINUSTAH et ONU-Habitat autour du thème « stratégie de reconstruction et amélioration du droit au logement décent et à la terre», la crise de logement en Haïti n’est pas une conséquence du séisme du 12 janvier 2010. « Le tremblement de terre, en aboutissant à la création des camps, a rendu visible un problème épineux qui existait déjà et qui n’était pas sous les feux des projecteurs ».

Selon elle, la question du logement en Haïti est d’ordre structurel. «Les gens ont construit leur propre communauté sans avoir les ressources financières et techniques pour bien y parvenir. Ils n’ont donc pas un espace physique avec des services où ils peuvent s’établir, avoir un logement décent et l’accès à l’éducation et la santé, entre autres ».

Cette situation déjà très précaire, le tremblement de terre l’a amplifiée. Suite à la catastrophe, 1,5 million de personnes se sont retrouvées sans-abris et ont trouvé refuge dans des camps de fortune qu’ils ont construits sur des espaces publics ou sur des terrains privés. A présent, selon l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) quelque 680.000 y vivent encore. Leurs habitations ayant été soit détruites soit fortement endommagées.

Au 16 mars 2011, l’état structurel d’un total de 400.000 bâtiments résidentiels a été évalué. Dans le cadre de ce programme d’évaluation réalisée par le Ministère des Travaux publics, Transports et Communication (MTPTC), grâce à un financement de la Banque Mondiale et de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID)/OFDA, 54 % de ces édifices ont été classés « vert » c’est-à-dire en bon état et sans risques structurels.

27% des constructions sont marquées « jaune », ayant subi des dommages mais pouvant être réparées. Enfin, 20% de ces constructions sont catégorisées « rouge ». Autrement dit, elles sont fortement endommagées, représentent un danger et sont, par conséquent, inhabitables. Les « rouges » sont vouées à la démolition.

La question des camps, un problème global. Selon Mme Raquel Rolnik, après 17 mois, on ne peut plus continuer à poser les problèmes en termes d’urgence. La question des camps ne renvoie pas à la reconstruction des maisons qui ont été détruites. Il ne s’agit pas non plus de déplacer les personnes vivant dans les camps mais d’aborder la question du logement en Haïti sous l’angle d’une problématique générale.

De même, fait-elle valoir, « on ne peut pas parler de la question des camps ou des personnes déplacées en dehors de la problématique des quartiers populaires qui ne disposent pas du minimum d’infrastructures ». Il faut donc maintenant reconnaître ces quartiers précaires comme « une réalité », et identifier ceux qui peuvent « bénéficier progressivement d’investissements en termes de création de services et de planification ».

Il importe donc d’identifier les quartiers qui peuvent être aménagés et ceux qui doivent disparaître parce qu’ils comportent des risques élevés en termes d’inondations et autres catastrophes naturelles. C’est, selon elle, à la fois un « défi et une incroyable opportunité » d’aborder une fois pour toutes la question du logement en Haïti. L’important, c’est que « tous les gens, qu’ils soient pauvres ou non, aient un endroit dans la cité pour vivre. La société haïtienne doit l’admettre ».

C’est pourquoi, au cours de sa visite en Haïti, la Rapporteuse spéciale sur le Logement Convenable se rendra dans certains quartiers populaires comme Fort Mercredi et Cité Neuf, au sud de la capitale, et dans divers camps d’hébergement provisoires tels que Champ-de-Mars (centre de la capitale), Corail, Canaan et Jérusalem (nord). Mme Rolnik doit également s’entretenir avec le Premier ministre désigné, Daniel Gérard Rouzier, des responsables de l’équipe pays des Nations Unies, des autorités locales, des organisations de la société civile et des diplomates accrédités en Haiti.

Aperçu des efforts de reconstruction en cours

Si l’approche en termes de « logements décents », avec tout ce que cela comporte comme infrastructures n’est pas toujours suivie, des efforts ont néanmoins été déployés en vue de reloger la population affectée par le séisme et de donner un nouveau visage à des quartiers précaires. A titre d’exemple, au 31 mai 2011, le Cluster « Abris » de la coordination de l’assistance humanitaire a déjà réparé 4.889 habitations sur un total de 10.628 identifiées. De même, 5.273 habitations permanentes ont été construites et les prévisions tablent sur un total de 13.728. Par ailleurs, quelque 73.410 abris provisoires ont été construits sur les 113.365 prévus.

Des projets de logement sont aussi conduits par la Banque Mondiale, tels le « Projet de Développement Communautaire Participatif Urbain – volet reconstruction du logement et des quartiers », d’un montant de 30 millions de dollars, et un « Projet de Reconstruction des Quartiers défavorisés de la zone métropolitaine de Port-au-Prince », d’une valeur de 65 millions de dollars. Exécutés par le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement du Ministère de l’Economie et des Finances, ces projets concernent la réparation et la reconstruction de logements sûrs et permettront d’améliorer l’accès aux infrastructures et aux services sociaux de base.

Au niveau gouvernemental, deux projets de logements sociaux sont prévus dans la capitale. Des terrains devant abriter d’autres programmes de construction sont en phase d’identification également à Port-au-Prince et dans des villes de province. « Nous pensons que dans les 10 à 15 prochaines années, le secteur du logement va représenter un créneau très important pour la croissance du pays », avait fait valoir, il y a quelques mois, le ministre des Finances Ronald Beaudin.

Celui-ci avait par ailleurs affirmé que l’Etat allait beaucoup s’investir dans ce domaine, notamment en accordant déjà des incitations au secteur privé pour qu’il investisse également dans le secteur logement afin de pouvoir contribuer à combler l’immense déficit dans ce domaine.

Fonte: MINUSTAH.org

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